Adjugé 30000 €

CHU TEH-CHUN (né en 1920)
Sans titre, 1992 Gouache sur toile (cerf-volant)
Signée et datée 92 en bas vers la gauche Contresignée et numérotée 207 au dos en haut vers le centre 78 x 97 cm Provenance: Vente Dumousset-Deburaux, Drouot Montaigne, 18 décembre 1992 Collection particulière, France Se définissant lui-même comme un peintre de l'ère Song à l'époque actuelle, Chu Teh-Chun pour qui seule la nature est source d'inspiration investit le ciel dans cette oeuvre de 1992. Art populaire millénaire né en Chine dont les premières traces remontent à l'époque des Printemps (770-176 av JC), le cerf-volant a d'abord servi à des fins militaires. Sous la dynastie des Han (206 av JC à 220 ap JC), on raconte que les cerfs-volants de Han Xin, alors équipés d'harpes éoliennes, terrifièrent et mirent en déroute l'armée ennemie du général Xiang Yu par leur musique céleste. Il faut attendre les Tang (618-907) pour que le cerf-volant devienne une attraction populaire qui trouvera son apogée sous les Ming (1368-1644) et sous l'ère des Qing (1644-1911), dynastie sous laquelle la maîtrise de sa fabrication deviendra une profession. Elément de la culture chinoise symbole de paix et de liberté, le cerf-volant est donc naturellement présent dans l'art chinois, et plus particulièrement dans la peinture de genre représentant des enfants ou des femmes. Ce type de cerf-volant provient de la région de Niigata et est traditionnellement orné de visages de guerriers ou d'acteurs de kabuki très expressifs. Des combats de rokkaku sont organisés depuis plus de 250 ans en juin de chaque année sur les rives du canal Nakanokuchi. L'art contemporain chinois ne délaisse pas cet élément de la tradition à l'instar de Yue Minjun (né en 1962) dans son oeuvre de 1993 intitulée Kites (cerfs-volants en anglais). En Chine, les fabricants de cerfs-volants sont plus considérés comme des artistes que comme des artisans, réalisant des oeuvres somptueuses de technicité et de finesse. Le musée de Weifang situé dans la province de Shandong est le plus grand musée dédié à l'art du cerf-volant au monde. Bien qu'installé en France depuis 1955, l'art de Chu Teh- Chun demeure fortement emprunt de la culture chinoise. Il associe ici des signes proches de la calligraphie à un objetsupport incontournable de cette culture ancestrale. Il peint sur un cerf-volant japonais appelé rokkaku, d'une forme géométrique simple plus à même de recueillir sa peinture abstraite qu'un cerf-volant de forme mouvementée. L'artiste utilise la surface de la toile du cerf-volant dans le sens inverse de celui habituellement utilisé pour placer le dessin. Les motifs utilisés nous renvoient à ceux de sa lithographie de 1988 La paix universelle. On y retrouve le bleu, le noir et les tâches de couleur rouge dans une composition laissant une large part au blanc. Le cerf-volant, porteur universel de messages de liberté et de paix depuis des millénaires, c'est avec logique que Chu Teh-Chun reprend les couleurs qui selon lui symbolisent cette idée. Xu Wei (1521-1593) Le garçon au cerf-volant Feuille d'album, encre sur papier 27 x 35 cm Pékin, musée de la Cité Interdite Source: La peinture chinoise, Emmanuelle Lesbre & Liu Jianlong, éd. Hazan, Paris, 2004, p.142 (D.R.) Chu Teh-Chun La paix universelle, 1988 Lithographie éditée à 120 exemplaires (D.R.)

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